Publié le 28/02/2009 : Lannemezan. NTP : un géologue est pour Transport. Un géologue soutient le projet de Nouvelle Traversée des Pyrénées. 
Christian Bouquet, géologue retraité du Bureau de recherche géologique et minière (BRGM), chargé de mission dans les Pyrénées, spéléologue, ne partage pas le point de vue d'Yves André, spéléologue du réseau Ardengost, qui s'était prononcé contre toute traversée des Pyrénées, dans nos colonnes, le 13 janvier dernier, car jugée «incompatible avec la protection de la nature et de ses richesses souterraines». Il s'était en particulier opposé au projet de Nouvelle Traversée des Pyrénées (NTP) au prétexte que l'on ne sait pas comment le sous-sol va réagir.
Christian Bouquet affirme, pour sa part, que l'impact du creusement d'un tunnel sur le domaine souterrain dans un paysage rocheux est «peu conséquent quant aux dégradations susceptibles d'être commises, sauf en cas de traversée directe de la cavité intéressée ». Il cite en référence des études suisses réalisées le long de tracés autoroutiers au voisinage de grottes; l'élargissement et l'encaissement sur plusieurs mètres de profondeur de la route départementale 904-1041 (itiréraire bis de dégagement de la vallée du Rhône par le Pouzin, Privas, Alès, Nîmes).
"Là aussi, l'étude entreprise a montré l'absence d'effets significatifs. On peut donc raisonnablement envisagerune très faible probabilité de dégradation sur le gouffre des Charentais et la résurgence de la Hèche, en vallée d'Aure, du côté de Jézeau, Fréchet Aure", déclare le géologue.
«C'est donc faux de dire que le projet de Nouvelle traversée des Pyrénées est incompatible avec la protection de la nature et de ses richesses souterraines. On sait comment le sous-sol va réagir à l'aide de plusieurs exemples. De plus, la grotte d'Ardengost se situera à pIus de 2 km du tracé. On ne prend pas de risque pour le domaine souterrain», conclut Christian Bouquet.
"Lui, c'est son métier", ajoute Christian Castéran, le président d'honneur, fondateur de l'associatior Nouvelle Traversée des Pyrénées, pour renforcer la teneur des propos tenus par Christian Bouquet.
| Réaction d'EPINE :
Le 28 février 2009, dans la Dépêche du Midi, paraissait un article intitulé : "NTP : un géologue est pour " . Ce géologue répondait aux craintes émises par Yves ANDRÉ, spéléologue porte-parole du groupe qui explore actuellement le réseau souterrain d’Ardengost, qui redoutait les conséquences de tels travaux sur le sous-sol. Nous ne mettons pas en doute les compétences de Christian BOUQUET. Il nous semble qu’il prend en compte, uniquement, l’impact qu’aurait le creusement de la NTP sur les cavités souterraines. On ne peut réduire à ce seul domaine les risques que Yves ANDRÉ et beaucoup d’autres personnes de la vallée et d’ailleurs redoutent. Certes, le réseau d’Ardengost, situé en versant droit de la Neste n’a pas grand chose à redouter de travaux qui se dérouleraient sur le versant gauche de la Neste, mais il faut savoir que les couches géologiques sont parallèles à l’axe de la chaîne Pyrénéenne et donc coupées perpendiculairement par la vallée d’Aure. Ce qui signifie que la zone calcaire, dans laquelle Yves André et son équipe ont découvert les merveilles du gouffre des Charentais, traverse la vallée. Le risque existe donc également rive gauche.
Monsieur BOUQUET cite des exemples d’études ou de chantiers menés un peu partout en France ou en Suisse où « là aussi, l’étude entreprise a montré l’absence d’effets significatifs » . Ce professionnel de grand mérite, comme semble le qualifier Christian CASTÉRAN , aurait dû, au lieu de s’appuyer sur des études concernant des lieux situés à plus de 400 Km de la vallée d’Aure , entreprendre des études sur place ou prendre en compte celles qui ont déjà été réalisées par d’autres géologues professionnels, tout aussi compétents que lui. Un domaine aurait dû attirer son attention : celui de l’hydrographie souterraine. Nous, simples néophytes, en observant la carte des captages d’eau potable dressée par la DRASS Midi-Pyrénées en 1997, nous comptons plus de 31 captages d’eau souterraine sur le versant gauche de la Neste (voir la carte) . Point n’est besoin d’avoir fait de longues études pour déclarer que, vu la densité des captages répertoriés sur la dite carte en vallée d’Aure, nous sommes le principal château d’eau des Hautes-Pyrénées. Le projet envisagé est un tunnel de basse altitude, soit entre 600 et 700 m, altitude correspondant celle de la vallée. Le tunnel traversera donc toute la zone sensible qui alimente toutes ces sources, avec à la clé des pollutions inévitables liées aux boues, poussières et produits chimiques générés par le chantier. D’autre part un gros risque existe quant au tarissement de la nappe. Lors du creusement de la LGV Bologne-Florence en Italie, ce sont 45 millions de m3 qui ont été perdus du fait de la baisse des nappes phréatiques suite à l’hémorragie hydrique sur le chantier (42 m3 /mm). Veut-on prendre le risque d’être dans une situation similaire, a devoir être approvisionnés par des camions citerne ? Pour étayer notre ressenti, reportons-nous aux travaux de Claude LUCAS, géologue de formation et professeur des Universités de Toulouse. Dans la fiche 8 de la plaquette intitulée "Route géologique du Pays des Nestes" , ouvrage destiné à définir des cheminements d’observation géologique auprès du grand public, il traite des "Eaux souterraines de Sarrancolin, Ilhet et Rebouc" . Voici quelques passages concernant plus particulièrement les sources du Vivier de Sarrancolin : "Printemps 1969, pluie abondante, la neige fond, toutes les sources du Vivier coulent, donnant jusqu’à 5m/seconde (le débit d’étiage est régulier, à 100 litres/seconde). Réservoir aquifère volumineux, le massif calcaire, dont la porosité est importante, peut être vulnérable aux pollutions en cas d’activités humaines mal conduites. Avec une minéralisation de 170 mg/litre, légèrement au-dessus de la composition normale des eaux douces, le Vivier évide la montagne à raison de 1,5 tonne de roche (calcaires et dolomies) par jour ! soit 206 m3 par an. Les sources du Vivier sont étagées à partir du ruisseau visible à l’ouest de l’église jusqu’à la grotte de la cascade, émergence supérieure, au fonctionnement exceptionnel. L’eau a une température de 8,4°C en période normale (soit autour de 350 jours par an). La quantité d’eau annuelle, pluie et neige est de l’ordre de 1000 litres / mètre carré, la surface du bassin versant jusqu’au Bassia est voisine de 10 km2. Plusieurs gouffres sont connus dans cette montagne, l’un (Coume Bère) dépasse un peu 300 m de profondeur, mais aucun n’a encore permis d’accéder à des galeries s’approchant de Sarrancolin." Rapide à l’échelle géologique la dissolution des roches carbonatées pose aussi aux constructions humaines divers soucis de stabilité. Les travaux et projets de travaux dans ces terrains nécessitent une approche technique fine, coûteuse etc... Claude LUCAS de conclure la fiche par ceci : "L’idée d’un tunnel ferroviaire dans ces montagnes, où les massifs calcaires se succèdent rapidement sur une centaine de km entre Lannemezan et l’Aragon, est coupable de négliger la vulnérabilité des colossales réserves d’eau contenues dans ces massifs."
Lors du percement du tunnel sous le Perthus, une partie de la voûte du tunnel s’est effondre entraînant une excavation de 80 m de diamètre qui a été comblée avec du béton. Est-ce ainsi que l’environnement est protégé ?
Monsieur BOUQUET peut minimiser sans crainte les conséquences de la NTP car il n’engage pas sa responsabilité morale future éventuelle, contrairement à nos élus pro-NTP, de la Présidente du Conseil Général au simple Conseiller Municipal, en passant par nos députés. Encore faut-il souligner la prise de conscience d’autres élus locaux, à l'attitude plus responsable, qui, sans se prononcer pour ou contre la NTP, demandent qu’une information soit faite et qu’un débat sur l’opportunité de la TCP soit organisé. |